Les gelées de printemps
Au moment du débourrement (entre avril et mai selon les cépages), c’est-à-dire lorsque la vigne sort de sa léthargie hivernale pour entamer un nouveau cycle végétatif, les gelées de printemps représentent un réel danger pour le rendement des vendanges à venir.
Les gelées sont caractérisées par une relation étroite entre l’humidité et la température de l’air. Cette relation devient alors néfaste à la vigne dès lors que certaines conditions sont rassemblées. Il est par exemple fréquent d’observer de telles gelées lorsque la température de l’air est légèrement négative (oscillant entre -3°C et -4°C) et que l’atmosphère demeure saturée en humidité suite à des épisodes pluvieux ou brumeux. De tels incidents peuvent aussi se produire lorsque l’air est plus froid (-5, -6°C) et plus sec. Des températures encore plus basses augmentent sérieusement les risques de telles gelées. Les effets de ces aléas climatiques sont d’autant plus intenses que les parcelles sont situées en bas de coteaux ou à proximité immédiate de zones plus humides telles que des bois ou forêts, des plans ou cours d’eau.
Dans ces cas, les bourgeons en phase de débourrement peuvent être détruits avec des conséquences plus ou moins marquées sur les rendements des vendanges à venir.
Il existe à ce jour quelques méthodes visant à protéger les vignes de ces intempéries. Elles souffrent toutes cependant d’inconvénients assez lourds qui en limitent l’application.
Il y a tout d’abord l’utilisation de chaufferettes ou braseros disséminés un peu partout dans les parcelles les plus sensibles. Ces appareillages fonctionnent à l’aide de fuel pulvérisé qui réchauffe l’atmosphère immédiat des ceps. Les inconvénients de cette méthode sont de plusieurs ordres. La pollution en premier lieu dû aux gaz de combustion. Le nombre de braseros à installer, ensuite, qui doit être de l’ordre de 200 par hectare pour atteindre une certaine efficacité. Enfin, cette pratique devient inutile lorsque les températures baissent en dessous de -6 ou -7°C.
Il existe d’autres variantes de cette méthode de réchauffement atmosphérique. Les braseros sont remplacés par des blocs de paraffine. Leur coût est moins élevé et leur installation beaucoup plus facile mais leur utilisation devient inefficace à des températures moins élevées (-4 à -6°C). Il faut enfin mentionner une technique à l’aide de gaz propane et l’installation de brûleurs à une densité avoisinant les 150 par hectares. Là aussi, le point faible de cette pratique est la mise en service et la lourdeur de l’installation.
Une autre technique de protection contre les gelées de printemps est l’aspersion de la vigne par de l’eau au moment où l’abaissement des températures devient problématique. Le principe est de recouvrir les bourgeons d’une pellicule d’eau qui, en se transformant en glace sous l’effet du froid, va les protéger des températures encore plus basses. L’inconvénient de cette pratique vient du fait qu’il est souvent nécessaire de prolonger dans le temps l’aspersion car l’humidité apporter artificiellement aux parcelles augmente les risques de gelées. La limite d’utilisation se situe à des températures proches de -8°C. Moins polluante que les braseros ou les brûleurs à gaz propane, elle nécessite néanmoins des quantités d’eau assez importantes.
Enfin, en quelques rares endroits du vignoble champenois, des éoliennes sont utilisées pour brasser les couches d’air caractérisées par des températures différentes. L’air plus doux se situant à une dizaine de mettre est mélangé à l’air proche du sol et en permet le radoucissement avec pour but ultime d’empêcher les gelées nocturnes. Hautes de près de 11 mètres avec des hélices de 5 mètres de diamètre, leur rayon d’action peut atteindre 120 mètres.
Il est aussi bon de noter une autre technique constituée de fils électriques placés au niveau des fils de liage et servant de résistances, réchauffant ainsi l’atmosphère immédiat des bourgeons. Cette technique est encore en phase d’expérimentation et ne s’est pas encore généralisée.